Lutter contre le Coronavirus avec des compléments : info ou intox ?

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Depuis le début de l’année 2020, le monde entier est aux prises avec une pandémie mondiale causée par le virus COVID-19. À ce jour (Septembre 2020), presque 30 millions de cas « officiels » ont été signalés, dont presque 1 million de décès. Le besoin de trouver des stratégies efficaces pour prévenir et traiter la maladie est très pressant. Par conséquent, les recherches visant à développer un vaccin efficace ne cessent d’être menées, et parallèlement, un grand nombre d'essais cliniques explorent de nouvelles interventions thérapeutiques potentielles pour traiter les patients.

Il est intéressant de noter que la pandémie de COVID a une fois de plus souligné qu'un bon état de santé et de condition physique, obtenus par un exercice régulier ainsi qu'une alimentation saine et bien équilibrée, sont importants pour le maintien de l'immunité. Dans ce contexte, malheureusement, un nombre croissant de compléments nutritionnels sont revendiqués comme stimulants immunitaires permettant de protéger contre le COVID-19.

Mais les adaptations nutritionnelles ou l'apport de suppléments nutritionnels peuvent-ils vraiment stimuler l'immunité et ainsi éventuellement protéger contre le COVID-19 ?

La qualité de l'alimentation quotidienne joue en effet un rôle important dans la modulation du système immunitaire.

Premièrement, les micronutriments, y compris les vitamines (A, D, C, E, B6 et B12, acide folique) et les minéraux (zinc, fer, cuivre, sélénium), participent aux différentes étapes de la défense immunitaire. Toute carence en micronutriments due à la malnutrition ou à des conditions pathologiques compromet l’immunité. Dans ce cas précis, un programme de supplémentation sur mesure est nécessaire comme traitement adjuvant pour corriger les déficiences continues, et ainsi contribuer à réparer la fonction immunitaire.

Deuxièmement, il est également prouvé que les bactéries et les organismes intestinaux qui constituent le « microbiome » jouent un rôle important dans la régulation du statut immunitaire. De plus, les changements alimentaires peuvent avoir un impact rapide sur la structure et le métabolisme du microbiote, ainsi que sur l'expression des gènes du microbiome.  Un tel changement dans le système du microbiome est susceptible d’altérer la fonction immunitaire. En outre, de plus en plus d’éléments tendent à prouver que l'ingestion de ce que l'on appelle les « probiotiques » pour manipuler la composition du microbiote intestinal peut contribuer à prévenir les maladies et maintenir la santé.

Donc, de toute évidence la nutrition est importante dans la régulation immunitaire.

Mais l'apport de compléments alimentaires sous forme de micronutriments ou de probiotiques chez les individus ou les athlètes en bonne santé et physiquement actifs peut-il protéger contre le COVID-19 ?

Le message sur les formulations « stimulatrices d’immunité » qui contiennent des vitamines, des minéraux, des anti-oxydants, des produits phytochimiques ou des fibres, seuls ou combinés, est probablement simple : si vous êtes déjà en bonne santé, ces suppléments ne vous aideront probablement pas à l’améliorer davantage, ni à renforcer votre défense immunitaire contre les infections des voies respiratoires supérieures ou la grippe, sans parler des coronavirus. Les affirmations déclarant que les compléments constituent une protection contre le COVID-19 sont fausses. En réalité, le fait qu’une supplémentation en micronutriments en quantité supérieure à la DJR (dose journalière recommandée) soit utile pour soutenir la fonction immunitaire fait toujours débat. En attendant d'autres preuves, il est probablement raisonnable de dire que l'ingestion de suppléments de micronutriments dans le but spécifique de stimuler le système immunitaire chez les athlètes de loisirs ou d'élite en bonne santé, est probablement un gaspillage d'argent.

En ce qui concerne les probiotiques. Il reste à débattre de la question de savoir si l'apport de probiotiques peut stimuler la réponse immunitaire face aux virus et aux bactéries. Il existe quelques preuves qu’un traitement à long terme constant avec des probiotiques, en particulier Lactobacillus ou Bifidobacterium, et à des doses délivrant au moins 1010 de bactéries vivantes, peut légèrement réduire l'incidence des infections classiques des voies respiratoires supérieures. Rien ne permet donc d’affirmer que les probiotiques, quelle que soit la combinaison de bactéries, la forme d'administration ou la dose, pourraient protéger contre le COVID-19.

En résumé, toute allégation indiquant que la prise de complément nutritionnel renforce les défenses immunitaires à un degré tel que pour prévenir la contamination par un coronavirus n'est aucunement fondée.

Message à retenir

  • Un mode de vie sain, y compris l’adoption d’une alimentation saine bien équilibrée avec une consommation alimentaire de haute qualité, de l'exercice physique régulier, l’absence de tabagisme et la consommation modérée d'alcool, constitue la pierre angulaire d'une bonne immunité.
  • Une alimentation inadéquate constante associée à un entraînement intense peut augmenter le risque d'infection en raison des carences en micronutriments et d’un affaiblissement de l'immunité.
  • Aucune preuve scientifique suffisante n’indique qu’une supplémentation en micronutriments excédant la dose journalière recommandée, ou que l'utilisation de probiotiques, peut considérablement augmenter l'immunité chez les individus actifs en bonne santé.
  • Les affirmations selon lesquelles les compléments nutritionnels « immuno-stimulants » peuvent protéger contre le COVID-19 sont fausses.